L'heure est venue de dresser l'inventaire. Soixante-dix ans de déni systémique produisent une facture que nul n'ose vraiment calculer, tant les chiffres défient l'entendement moral. Si chaque crise analysée constitue déjà une tragédie en soi, leur addition compose quelque chose de qualitativement différent : non plus des accidents de parcours mais la chronique d'un suicide civilisationnel méthodiquement exécuté.
L'exercice comptable auquel nous allons nous livrer pourrait paraître obscène - réduire des tragédies humaines à des colonnes de chiffres. Mais cette arithmétique de l'horreur devient nécessaire quand l'ampleur même du désastre dépasse notre capacité d'appréhension intuitive. Derrière chaque statistique se cachent des visages, des noms, des vies brisées. Leur accumulation transforme l'anecdote en structure, le dysfonctionnement en pathologie systémique.
Cette quantification multidimensionnelle du désastre dessine les contours d'un effondrement qui n'est plus à venir mais en cours. Trois registres de pertes s'entremêlent et s'amplifient mutuellement : les vies fauchées par centaines de millions, les richesses volatilisées par milliers de milliards, la confiance démocratique réduite en cendres.
À ces coûts tangibles s'ajoutent deux blessures plus profondes encore : le trauma psychologique d'une génération qui sait son futur condamné, et le vertige des mondes possibles que nous avons méthodiquement sabotés. Ensemble, ces cinq dimensions composent le portrait d'une civilisation qui documente minutieusement sa propre agonie sans parvenir à l'interrompre.
Les sections suivantes détailleront cette comptabilité macabre : les vies perdues (centaines de millions), les richesses détruites (milliers de milliards), la confiance démocratique effondrée, le trauma psychologique générationnel, et les futurs alternatifs sabotés. Chaque dimension révèle comment l'inadéquation démocratique transforme des crises gérables en catastrophes civilisationnelles.